Boire tue… mais parfois lentement.


Je me souviens de cette histoire de vin miraculeux que racontait mon père: un centenaire lotois, dopé par un pot de cahors quotidien, grimpait à vélo le raidillon qui menait de son village de Prayssac, lové dans un méandre du Lot, au causse qui le surplombe. De là naquit sûrement une partie de mon amour immodéré pour le mariage quercynois du calcaire et de l'auxerrois, l'émotion que me procurent les meilleurs cahors, ceux dont la grâce naturelle a été préservée. C'est d'ailleurs un vin du causse que contenait la dernière bouteille que j'ai partagée avec mon père, la boucle est bouclée. 
L'autre histoire que je viens de lire sort un peu du même tonneau. Sauf qu'on n'est pas dans le Sud-Ouest de la France mais dans le Nord-Ouest espagnol, en Galice. Vous savez comme j'apprécie les vins de cette région, les rouges notamment qui constituent une des grandes révélations espagnoles des dix dernières années, à l'opposé d'une image de lourdeur qui colle si souvent à la peau des crus ibères. Sans que ce soit tiré par les cheveux, on trouve d'ailleurs assez facilement des liens stylistiques entre ce que l'on boit en Galice et ce qui étanche ma soif dans le Midi toulousain.


C'est l'histoire, relatée par La Voz de Galicia, d'un vieux monsieur mort à cent-sept-ans et dont le secret de longévité semblait être le vin rouge. "Il en buvait trois litres par jour, expliquent ses proches. Et un peu d'eau de vie. Mais jamais d'eau, ni de médicaments. Même sa pneumonie, à cent-trois-ans, il voulait la soigner au sang de la terre". Originaire de la province d'Ourense, il faut dire qu'Antonio Docampo García était issu d'une lignée de vignerons. "c'est son propre vin qu'il buvait, raconte son neveu qui désormais tient les rênes de la bodega familiale, un vin naturel, sans conservateurs, sans sulfites ni additifs chimiques". "Uva pisada, vino feito e a beber" aimait-il répéter, une sorte de "quand le vin est tiré, il faut le boire", sorte d'hymne à l'immédiateté.  
Repose en paix, Antonio. Et pour ceux qui veulent imiter ta sagesse, je laisse ici l'adresse de tes vignes magiques, à Ribadavia, à la confluence du Xestal et du rio Miño, pays de montagnes et d'eau, de grand crus aussi puisque nous sommes au cœur de l'appellation Ribeiro (j'en parlais ici). On y cultive de la mencía, beaucoup et du caiño, un peu, et ton vin quotidien n'est pas sans me rappeler cet autre élixir de longue vie galicien bu à grosses gorgées, non loin de là, dans un troquet de Verín. Le vin, dans sa beauté simple, franc et direct, celui dont on sait qu'il ne vous fera pas mal. Bien au contraire.






Commentaires

  1. "le mariage quercynois du calcaire et de l'auxerrois" restera un grand mystère sémantique et géographique, comme d'ailleurs ce "lové ... au causse qui le surplombe" révèle un degré d'invention extraordinaire.
    Mais mon propos serait plutôt de vomir le vin naturel sans sulfite que vous portez aux nues, et qui sont en général aussi dégueulasses que chers. J'en ai testé deux, et détesté.
    Votre mission est de faire aimer le vin ... sans négliger le français.
    Ne prenez pas tant de risques inutiles !

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    1. Chez monsieur Moiraud, je ne peux rien pour vous, désolé. Mais dès que j'ouvre un blog-à-colorier, je vous fais signe si vous avez l'amabilité de me laisser vos coordonnées.
      Pour ce qui est du "vin naturel sans sulfite que [je porte] aux nues", j'en ai bus plus que deux verres, bien plus, et c'est peut-être parce que je les ai bus au lieu de les "tester" qu'ils m'ont apporté du plaisir. Rassurez-vous, il y en a aussi aussi que je n'aime pas pas.
      Je vous remercie en tout cas de m'avoir défini, assigné une "mission".
      Rompez !

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    2. Ah, j'oubliais, je vais aussi essayer d'améliorer mon français…

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    3. Il me reste à apprendre à me lover à un causse. Je supposais seulement que c'était l'effet de corrections et améliorations successives du texte, que l'on finit par une relecture trop rapide.
      Je suis assez ignare en matière de vin, mais les cahors ne me semblent pas produits sur les causses ! J'ignorais aussi, il y a une heure encore que le cépage malbec, se disait aussi "auxerrois". La phrase devient plus lisible.

      Le clos La Coutale, le clos Triguedina figurent dans ma cave.

      Cordialement,

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    4. Se lover dans un méandre, c'est plus confortable, surtout quand il est du Lot.
      Le cahors, si, c'est justement le causse et les serres, le calcaire. Le nom originel du cépage local vient justement de là, auxerrois = "haut-serrois", de la haute serre. Malbec est un nom tardif et bordelais, le terme ampélographique légal aujourd'hui est côt noir.
      La lecture accélérée est parfois cruelle.

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    5. Je traverse souvent les causses du Lot sans y voir de vigne, mais ça pousse si vite, de nos jours.
      Je suis souvent votre blog.

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    6. Il y en a pourtant, beaucoup. Les meilleures. Dans l'appellation Cahors évidemment, peu ailleurs.

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